| philippe | | Administrateur |  | | 62 messages postés |
|  Posté le 03-09-2004 à 17:09:43   
| Souriez, vous êtes pistés
Des ordinateurs qui reconnaissent leur "maître" grâce aux empreintes digitales, des téléphones portables qui permettent de vous localiser : plusieurs objets de notre vie quotidienne sont désormais dotés d'outils d'identification forte. Ces produits ont pour objectif de renforcer la sécurité. Mais quid de la surveillance continue qu'ils incluent ? A force de vouloir tout – et trop – sécuriser, ne sommes-nous pas en train de créer un monde digne du roman de George Orwell ? Explications.
1) La biométrie : quand l'identification passe par votre corps
D'abord destinée aux professionnels de la sécurité ou aux grandes entreprises, la biométrie est aujourd'hui de plus en plus utilisée dans des outils grand public. La technologie repose sur la reconnaissance des traits physiques d'un individu (empreintes digitales, forme de visage, iris…) pour permettre ou non l'accès à un site ou à un produit. Mais pourquoi recourir à une technologie quasi-policière au lieu d'utiliser des moyens d'identification classiques ? Car presque aucune autre technologie n'est fiable à 100 % : les mots de passe peuvent être piratés, lorsqu'ils ne sont pas perdus par l'utilisateur, et les cartes à puces volées. Or les traits du corps humain constituent une signature quasi-inimitable, unique à chaque individu et – pour l'instant – ne pouvant faire l'objet de vol.
Autant de raisons qui poussent de nombreux constructeurs informatiques à inclure cette technologie dans leurs produits. Ainsi, plusieurs marques d'ordinateurs portables proposent aux utilisateurs un lecteur d'empreinte digitale pour éviter le vol d'informations. Dans d'autres cas, l'identification se fait par le contour d'une main, les traits du visage ou l'iris. Certaines écoles utilisent déjà la reconnaissance du contour de main pour gérer les accès à la cantine. La reconnaissance faciale est souvent utilisée dans les systèmes de caméras de surveillance. Enfin en juin 2003, le Conseil de l'Union européenne a décidé l'introduction de données biométriques (empreintes digitales, ADN ou iris de l'oeil) dans les passeports et les visas.
Un risque de fichage
Mais mis à part ces avantages, l'enregistrement de données aussi personnelles que les empreintes digitales ou de l'iris n'ouvre-t-il pas la voie au fichage ? Qui peut garantir que ces données ne seront pas exploitées à des fins autres que celles qui auront permis de les collecter ? Des associations de défense de la vie privée et des organismes comme la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) en France s'en sont inquiétés. La CNIL recommande la collecte des informations moins sensibles que l'empreinte digitale – par exemple le contour de la main – et le stockage de ces données sur des supports individuels (carte à puce ou ordinateur) plutôt que sur une base de données centrale. Les associations de défense de la vie privée soulignent aussi que ces technologies pourraient, dans l'avenir, ouvrir la voie au vol d'organes, dans le cas où le corps humain serait utilisé pour remplacer les cartes bleues ou encore les cartes d'accès à des sites sensibles. Mais avant d'en arriver là, deux hackers allemands ont démontré en 2003 que cette technologie n'était pas infaillible. Les hackers ont pu falsifier une empreinte digitale sans utiliser de technique de pointe.
2) La géolocalisation : "T'es où là ?"
La question inévitable des conversations téléphoniques par portable "t'es où là ?" sera peut-être bientôt inutile : le développement des techniques de géolocalisation permet de savoir facilement où se trouve le propriétaire d'un portable. Les opérateurs de téléphonie mobile et certaines sociétés de surveillance n'ont pas tardé à commercialiser cette option : il est désormais possible pour une entreprise de souscrire un forfait pour localiser ses salariés nomades (à condition qu'ils soient prévenus et l'acceptent). Certaines sociétés proposent des services spécialement destinés aux parents désireux de connaître l'emploi du temps de leur progéniture. En dehors des téléphones portables, d'autres objets – comme les véhicules – peuvent être équipés d'émetteurs GPRS. Si dans certains cas d'urgence – appel de détresse, disparition ou enlèvement d'un enfant, surveillance des personnes âgées ou malades – le système peut se révéler très utile, dans d'autres cas la géolocalisation peut friser le "flicage". Qu'elle soit effectuée par le biais du GPS (Global Positioning System - par satellite) ou par triangulation (calcul des distances par rapport aux antennes relais), la géolocalisation pose des problèmes de protection de la vie privée. Dans tous les cas, le consentement de la personne localisée doit être indispensable.
3) La radio identification ou étiquettes intelligentes
RFID, smart tag ou encore radio-tags : ces puces miniatures se trouvent dans plusieurs objets que nous utilisons quotidiennement, comme les cartes électroniques d'abonnement aux transports ou les clés de voiture. Si elles paraissent inoffensives, ce sont les informations qu'elles peuvent enregistrer et transmettre qui constituent un risque, notamment dans le cas des trajets mémorisés. Des organismes de défense de la vie privée recommandent que ces données ne soient pas stockées à long terme et que le système puisse être désactivé.
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